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- Edito du 7 mai 2008
Vous vous demandez qui est le petit chat du logo ? C'est lui !
Je remonte pour celles qui veulent faire sa connaissance...
Soleil n'est pas mon chat. Il est en accueil chez moi.
Grand et unique rescapé parmi les chats positifs d'un refuge, créé en 1993, Soleil était destiné à croiser ma route et moi la sienne.
Le mercredi 3 mai, de cette année, je me suis rendue au refuge.
Le week-end précédent, lors des portes ouvertes, j'étais allée faire un tour et j'avais parrainé un gentil toutou qui venait me faire des mamours.
J'allais donc rendre visite à mon petit filleul.
Après avoir passé de longues heures avec lui, une bénévole est venue me parler.
Je ne sais pas comment la conversation est venue sur les chats, mais je lui ai alors fait part de mon rêve fou, de construire un jour, un sanctuaire pour chats positifs.
Je lui expliquais, qu'à plusieurs reprises, sur la demande de refuges, j'avais réussi, par le biais du net, de faire adopter des chats positifs, destinés à l'euthanasie.
Elle avait eu l'air surprise et m'a raconté, qu'eux se devaient de les euthanasier, faute de structures, pour les garder.
J'ai appris que 15 jours auparavant, deux belles siamoises avaient été trappées, puis tuées, pour avoir été positive au FIV.
La bénévole m'a laissée partir en m'informant, qu'elle parlerait à la présidente de l'association, de ces sauvetages virtuels.
Je suis repartie un peu inquiète. Dans quel guêpier venais-je de me fourrer ?
*****
Je n'allais pas tarder à le savoir.
Le samedi suivant, j'emmenais ma fille voir Ponky, notre filleul.
A peine étais-je arrivée, que la présidente est venue à ma rencontre. Elle semblait ravie de me voir.
A la suite de ma visite, la bénévole lui avait fait part du travail que nous faisions sur internet et le lendemain, vendredi donc, un chat venait d'être trappé puis testé positif à la leucose et au sida.
Les deux en même temps. Quelle ironie du sort...
Le vétérinaire voulait l'euthanasier et afin de le sauver, la présidente lui a dit que quelqu'un adoptait les chats positifs et souhaitait déjà le récupérer.
J'ai été conduite dans un petit enclos, ancienne chatterie à l'abandon et c'est là, que je l'ai vu, pour la première fois.
Merveille dorée, tapie contre un mur, le regard implorant. Ses yeux, reflets de mille douleurs, son poil souillé, arraché, n'enlevaient en rien, la puissance, la beauté et la grâce de ce félin.
Depuis la veille, il refusait de se nourrir. La présidente m'expliquait que personne ne pouvait l'approcher. Il crachait et hurlait dès que quelqu'un s'approchait de lui.
Non Madame, il ne hurle pas, il ne crache pas. Il pleure et est effrayé.
Je devais partir, mais promettais de revenir quelques jours plus tard, pour m'occuper de son adoption.
*****
Le mercredi suivant, je rendais visite au petit réfugié.
Il ne s'était toujours pas nourri et chacun était inquiet.
Je suis entrée dans l'enclos sombre. Comme chaque visiteur, j'ai eu le droit au souffle menaçant et au miaulements déchirants.
Mais bien loin de lui montrer que j'étais effrayée ou même impressionnée, je me suis installée et ai commencé à bricoler sa cabane, pour la remettre en état.
Je lui ai expliqué qui j'étais, pourquoi j'étais là et que, s'il le voulait bien, je l'appellerais Soleil, en souvenir du denrier petit chat positif que je n'avais pas réussi à sauver.
Entre bavardage et bricolage, celui qu'on allait appeler le Petit Roi, commençait à accepter ma présence.
Avait il le choix ? Cette humaine aussi têtue que lui, avait l'air bien décidée de rester là, à finir son travail !
Est venue alors l'heure de la pause. Je me suis assise près de lui pour commencer à manger.
Un peu de jambon, un peu de thon... et des croquettes délicieuses, achetées en arrivant, chez le grand vétérinaire aux cheveux blancs.
Soleil me regardait fixement. Mais ses yeux se glissaient de temps à autre sur mes lèvres.
On partage ? En copains ?
J'ai coupé mon jambon, ouvert la boite de thon et disposé quelques croquettes dans une gamelle neuve.
Avec un grand intérêt, la belle Majesté, suivait tous mes gestes.
Mes mains, lentement ont poussé tous ces mets délicieux, vers lui. Soleil retrouvait enfin, son appétit.
A partir de ce jour, Soleil avait retrouvé sa confiance en un humain et mon coeur battait à la chamade, chaque fois qu'il venait se serrer contre moi.
*****
Très vite, Soleil m'a montré une affection exclusive. Il n'a jamais été agressif avec les autres personnes, mais il n'a jamais cessé de leur cracher dessus, non plus.
Quand j'arrivais, il m'appelait de son enclos. Jamais il n'est sorti une seule fois.
Je ne sais pas combien d'après midi je passais là bas, mais cette sociabilisation fut une des expériences les plus riches et les plus belles que j'ai pu avoir avec un animal.
L'Adorable venait se blottir contre moi dès qu'il me voyait sur le pas de la porte et miaulait à fendre l'âme quand je repartais.
Venir était une joie, partir un supplice.
Plus le temps passait et plus Soleil vivait mal son ennui. J'étais sa seule visite et les bénévoles, surchargés de travail, ne pouvaient trouver que le temps de le nourrir.
Je demandais au Petit Roi d'être patient, car j'avais trouvé pour lui, une gentille famille avec un compagnon atteint du sida et de la leucose, tout comme lui.
Et chaque fois que je lui parlais de sa famille, chaque fois, il se blotissait contre moi.
Ce que je ressentais était indéfinissable. J'étais si heureuse pour lui et si triste pour moi. Et si je me trompais ? Si Soleil ne voulait pas me quitter ?
Je me raisonnais alors en me disant que c'était mon coeur qui parlait et certainement pas Soleil.
*****
Le temps passait. Je voyais Soleil chaque mercredi et samedi après midi. Une formidable chaîne de solidarité s'était créé, autour de Soleil et très vite la belle Majesté fut entouré de marraines qui ont convaincu le refuge de le garder, en faisant en sorte qu'il ne leur coûte rien.
Il était gâté, ce petit Ange. Il avait vécu, là où tous ces frères avaient trépassé.
Malgré tout, Soleil supportait de moins en moins sa solitude.
Quand il me voyait, il s'aggripait à moi, me dévorait des yeux, attrapait mon bras avec ces deux pattes énormes. Il me suivait jusqu'à la porte, quand je partais et ne s'alimentait plus, jusqu'à ma visite suivante.
Son adoption devenait alors une urgence et j'ai commencé à planifier mon départ pour Paris.
J'en avais le coeur déchiré, mais je m'inquiétais de voir l'Adorable dépérir, entre deux visites.
Comme je le préssentais, la santé du Petit Roi s'est vite détériorée. Il allait chez le vétérinaire plusieurs fois par semaine et quelqu'un du refuge a commencé à dire qu'il n'était plus adoptable.
De peur qu'il ne soit euthanasié, j'allais chaque fois, voir le vétérinaire, pour lui demander des nouvelles, pour montrer que j'étais là, fidèle protectrice du Petit Roi Soleil.
Lorsque j'ai compris que trop souffrant, il ne pourrait pas faire un long voyage, je suis allée le chercher.
J'allais, alors, certainement faire de la peine à ses futurs adoptants, car déjà très attachée à Soleil, ce dernier, en m'apportant mille marques d'amour et de reconnaissance, allait il me donner la force de l'envoyer dans sa nouvelle famille, quand il irait mieux ?
*****
Soleil, mon Adorable Petit Roi qui se niche contre moi, attrape mon bras, pose sa tête au creu de mon cou.
Instants comptés, si puissants pour leur course contre la montre, si intense par notre complicité.
Quelle importance, le temps qu'il nous reste ? Nos coeurs battent à l'unisson et jamais petit chat ne fut plus proche de l'homme.
Quelque que soit l'endroit où je m'installe, il me rejoint et m'attrape, m'aggripe, m'enserre.
Comme j'aime l'embrasser, comme j'aime le serrer contre moi, comme je l'aime tout court !
Voilà une histoire qui aura transformé ma vie et mon coeur...